A onze jours du premier tour des élections municipales, cinq étudiants en première année de journalisme ont invité les candidats à la mairie de Tours à venir débattre sur les trois thèmes de l’emploi, de la sécurité et des transports.
Étudiant(e)s en journalisme, ou en communication, journalistes confirmés, une soixantaine de personnes remplissaient les rangs de l’amphithéâtre Berger de l’IUT de Tours, mercredi 12 mars, à 17h30. En face d’eux, Serge Babary (Tou(r)s ensemble, UMP-UDI), Emmanuel Denis (Un Tours d’avance, EELV), Claude Bourdin (C’est au Tour(s) du peuple, Gauche Alternative) et Anne Brunet (Lutte Ouvrière, Faire entendre le camp des travailleurs) étaient venus confronter leurs projets et leurs idées pour Tours.
Jean Germain (PS, maire sortant et candidat à sa succession) n’avait pas souhaité prendre part au débat, tout comme Gilles Godefroy (FN), qui avait pourtant initialement répondu présent. Claire Delore, en tête de la liste soutenue par le Parti Ouvrier Indépendant (POI), n’avait pas donné suite aux sollicitations des étudiants-organisateurs de l’évènement.
« Attitude méprisante » a fustigé Serge Babary, pour sa première intervention, en constatant l’absence de Jean Germain. Mais aucune remarque sur l’absence de la tête de liste du Front National.
L’emploi
C’est le thème de l’emploi qui a ouvert le débat. Anne Brunet a proposé une réflexion à l’échelle nationale et non municipale, avançant que « l’emploi est plus important que ce qui peut être fait à l’échelle d’une municipalité ». Son projet est d’interdire les licenciements et elle entend soutenir cette idée à Tours. Si Claude Bourdin est « assez d’accord » avec Anne Brunet, il a présenté des arguments plus concrets : favoriser l’économie sociale et solidaire – qui représente 16% des emplois en Indre-et-Loire – et les sociétés coopératives. Propositions concrètes aussi chez Emmanuel Denis, qui opterait pour la transition énergétique. Elle passerait par l’isolation des bâtiments publics et sociaux, créant ainsi 300 emplois. Il entend également développer l’agriculture biologique et par exemple créer 25 emplois – « non-délocalisables » – en faisant passer les cantines à l’alimentation bio. Serge Babary, plutôt évasif, a signalé qu’il n’y a pas que les grandes entreprises qui licencient – évoquant le « traumatisme Michelin » – mais aussi les TPE (Très petites entreprises) qui cessent leur activité. Ce à quoi Anne Brunet s’est empressée de répondre que les TPE étant soumises à la concurrence capitaliste, il est difficile, voire impossible de les blâmer.
La sécurité
Lors du débat sur la sécurité, les caméras de vidéosurveillance ont fait parler d’elles. Alors que Serge Babary (à droite ci-dessus) veut en augmenter le nombre, Emmanuel Denis et Claude Bourdin (respectivement 3e et 2e en partant de la droite) ne croient pas à leur efficacité et estiment qu’une police municipale de proximité serait plus utile. Anne Brunet (à gauche) pense qu’il faut avant tout faire régresser la pauvreté et agir pour une meilleure éducation, seule solution pour « revenir à la sécurité ». Pour elle, ni les caméras ni la police ne feront disparaître l’insécurité. Elle affirme : « Jamais la police n’a empêché la société d’être violente. » Emmanuel Denis, en plus d’une police de proximité, veut « remettre de l’humain » dans la ville en employant des gardiens d’immeubles et des médiateurs sociaux.
Les Transports
Le tramway et la gratuité des transports en commun ont fait débat. Emmanuel Denis a résumé la ligne de tram, inaugurée le 31 août 2013, par ces mots : « trop tard, trop cher ». Les Verts proposent le retour de ce mode de transport à Tours [la ville a déjà eu un tramway par le passé, NDLR] depuis 1995 et que s’y prendre plus tôt aurait permis de mutualiser l’achat des rames avec d’autres villes pour faire des économies. Claude Bourdin s’est accordé avec ces propos et a avancé qu’avec le budget de ce tram « bling-bling », « on aurait pu faire deux lignes ». Pour Serge Babary, cette ligne est aussi trop coûteuse, insuffisante et ne dessert pas assez de « lieux forts » de la vie des tourangeaux.
La gratuité des transports a vu les candidats s’opposer, même au sein de la gauche. Claude Bourdin a affirmé qu’il serait possible de la mettre en place et Emmanuel Denis de lui rétorquer que cela créerait un manque à gagner de plusieurs millions d’euros. Remarque de Serge Babary : « la gratuité n’existe pas, il y a toujours quelqu’un qui paie ». Anne Brunet a tout de même tenu à indiquer qu’avant d’imposer la gratuité, c’est la pauvreté qu’il faut éradiquer.
Les étudiants et les journalistes présents ont alors pu poser leurs questions aux candidats, sur des sujets aussi variés que la culture, le mariage pour tous ou les groupuscules fascistes. Mais c’est la question des caméras de vidéosurveillance qui aura fait le plus monter le ton.
Marine, Esteban, Julien, Tony, et Sébastien, les organisateurs, avaient ouvert un compte Twitter qui relayait tous les tweets qui contenaient le mot-clé (hashtag) #DébatEPJT (voir ci-dessus). Cela a permis aux tourangeaux présents sur le réseau social de suivre l’échange entre les quatre candidats.
Jessica Lombardi – Étudiante en première année à l’EPJT